Henry David Thoreau - La désobéissance civile
Introduction
« Un sage ne servira qu’en sa qualité d’homme et ne se laissera pas réduire à être la glaise qui bouche le trou par où soufflait le vent ; il laisse ce rôle à ses cendres pour le moins. »
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Henri David Thoreau n’est pas précisément un anarchiste dans la mesure où il ne réclame pas la fin de l’État. Certes, il condamne violemment la démocratie telle qu’elle se pratiquait de son temps et qu’elle se pratique encore aujourd’hui en occident mais il reconnaît sa nécessité. Il souhaite pour sa part voir advenir un État post-démocratique véritablement soucieux de ses citoyens et par là il entend un État susceptible de nous laisser vivre à notre guise. Non pas le règne de la majorité, pas non plus un État social qui viendrait à notre secours mais un État qui brillerait par sa discrétion, qui se ferait oublier afin que chacun puisse librement choisir sa vie et la manière de la mener. Il rêve d’un État qui saurait également faire une place à ceux qui n’en veulent pas.
En attendant, dans cet ouvrage, il appelle clairement à la désobéissance. Ce n’est pas pour autant un appel à la violence ; il ne s’agit pas non plus de nous rassembler sous une bannière où une autre pour créer un mouvement social mais il convient que chacun, pour lui-même, reprenne les rênes de sa conscience. Ce n’est pas aux juges de distinguer pour nous le bien et le mal, ni aux politiques de définir les rapports que nous devons entretenir avec nos voisins ; c’est à nous, à chacun d’entre nous. Notre peur de perdre nos avantages acquis nous glace et nous préférons discourir dans l’espoir vain qu’un jour une majorité se dessine et que les choses changent. Mais ni la majorité ni l’État ne peuvent se substituer à notre responsabilité individuelle.
Le seul lieu qui reste aux hommes libres, c’est la prison : « c’est là que l’esclave fugitif et le prisonnier mexicain en liberté surveillée, et l’Indien venu pour invoquer les torts causés à sa race, les trouveront sur ce terrain isolé, mais libre et honorable où l’État relègue ceux qui ne sont pas avec lui, mais contre lui : c’est, au sein d’un État esclavagiste, le seul domicile où un homme libre puisse trouver un gîte honorable. »
Bonne balade en philosophie !