Paul Lafargue - Le droit à la paresse (1883)

Introduction

« Quiconque donne son travail pour de l'argent, se vend lui-même et se met au rang des esclaves. »

Cicéron, Des devoirs

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Avant-propos
Un dogme désastreux
Bénédictions du travail
Ce qui suit la surproduction
À nouvel air, chanson nouvelle
Appendice

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Paul Lafargue s’insurge contre un prétendu droit au travail proclamé d’une seule voix par la Déclaration Universelles des Droits de l’Homme, les masses laborieuses et les gouvernants des États démocratiques occidentaux.

Il dénonce une mystification, loin d’être un droit, le travail tel qu’il est pratiqué est une malédiction qui ruine la santé mentale et physique des travailleurs. Traités avec moins d’égard que les bêtes de somme que l’on préserve à tout le moins pour éviter de devoir en acquérir de nouvelles, les ouvriers se jettent d’eux-mêmes aux portes des usines pour mendier un travail qui leur permet tout juste de subsister. Et tout cela dans le but de produire toujours davantage indépendamment des besoins de la société.

Il s’agissait d’un temps où le raffinement capitaliste n’avait pas encore atteint les sommets que nous connaissons. Aujourd’hui, une bonne partie des citoyens sont devenus consommateurs : la publicité et le marketing associé à une diminution du temps de travail et une augmentation du niveau de vie permettent d’écouler une bonne partie des marchandises produites. Au XIXe siècle, l’offre dépassait de très loin la demande et les produits s’entassaient indéfiniment. Les bourgeois cherchaient à travers le monde de nouveaux débouchés pour écouler cette marchandise que leur vie de débauche était incapable d’assécher. Lafargue considère même que son siècle se caractérise par l’invention de l’obsolescence programmée : « Notre époque sera appelée l'âge de la falsification, comme les premières époques de l'humanité ont reçu les noms d'âge de pierre, d'âge de bronze, du caractère de leur production ».

Au lieu de profiter de la mécanisation pour permettre à chacun de s’adonner aux loisirs, à l’amitié et à la politique comme le préconisaient les sages de l’Antiquité, la société capitaliste devient folle. Pour l’enrichissement de quelques uns, incapables de faire usage d’une telle fortune, le peuple tout entier est réduit en esclavage. Lafargue préconise pour sa part des journées de trois heures, estimation large dans la mesure où : « Chaque minute à la machine équivaut donc à cent heures de travail de l'ouvrière ; ou bien chaque minute de travail de la machine délivre à l'ouvrière dix jours de repos. »

Il s’agit donc d’une charge de la part de l’auteur qui appuie son discours sur de nombreuses références historiques, économiques et philosophiques. Cet aperçu du travail dans l’Europe du XIXe siècle apporte un éclairage sur ce que l’on croit être des dérives issues de notre époque contemporaine ; sur les discours de nos politiques et notre propre rapport au travail.

Bonne balade en philosophie !