Henri Bergson - Essai sur les données immédiates de la conscience

Introduction

« Dans une langue accessible, Bergson interroge notre rapport au monde et plus particulièrement notre façon de ressentir. Il s'approche au plus prêt de la chair de l'existence telle qu'elle est vécue au quotidien, ce qui l'amène à modifier notre compréhension du temps et de l'espace. Il termine cet ouvrage, profondément humain, en montrant que ce changement de perspective permet de lever un certain nombre d'obscurités concernant la possibilité même de la liberté humaine.... »

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Avant-propos
Chapitre I. De l'intensité des états psychologiques
Chapitre II. De la multiplicité des états de conscience : l'idée de durée
Chapitre III. De l'organisation des états de conscience : la liberté
Conclusion

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Les « Données Immédiates de la Conscience » analysent la question de notre rapport au monde. L'ensemble de l'ouvrage repose sur la distinction entre simultanéité et succession. Selon Bergson, il convient de distinguer d'une part l'objet qui occupe un espace parmi les autres objets ; que nous saisissons comme un corps aux arrêtes clairement discernables. Et d'autre part, le sujet, qui existe à travers ses états de conscience, qui eux ne peuvent être discernés qu'abstraitement. Les états psychologiques ne s'expriment qu'à travers un développement qui se déploie sans interruption tout au long de la vie. Ce qui conduit Bergson à affirmer que deux expériences psychologiques ne peuvent être identiques puisqu'elles procèdent d'histoires différentes.

D'où vient alors que nos états de conscience nous apparaissent comme distincts les uns des autres ? Pourquoi nous représentons-nous la colère, par exemple, comme une émotion au contour défini qui varie d'intensité selon les situations et les individus qui l'éprouvent ?

Ces illusions naissent d'une confusion entre le temps et l'espace. Nous pensons le temps en terme d'espace selon Bergson. Le mouvement notamment est pensé comme une suite de points qui se suivent le long d'une ligne. Mais une telle perception du mouvement est en contradiction avec l'expérience elle-même. Les paradoxes des Éléates illustrent bien l'impossibilité de réduire le mouvement à cette succession de points juxtaposés.

Ainsi, après avoir montré que les états psychologiques ne peuvent être réduits à une liste d'émotions distinctes dont l'intensité varie ; Bergson s'attaque à notre compréhension du temps. Il distingue le temps mathématique, symbolisé par l'horloge qui bat les secondes successivement ; de la durée consciente qui se déploie. Et dont chaque moment n'existe que dans son interpénétration avec ceux qui le précèdent et ceux qui le suivent, moment qui n'a donc aucune existence concrète en tant qu'objet singulier.

Cette analyse lui permet, dans le dernier chapitre, de reposer le problème de la liberté sous un jour nouveau. Pour saisir l'essence de la liberté il convient d'abandonner l'ambition de la définir comme une chose parmi les choses. Suivre ce chemin nous fait invariablement sombrer dans le déterminisme. Nous devons appréhender l'action au sein de la durée ; l'action libre est un projet qui s'élabore, qui se déploie dans cette durée dont on ne peut définir les moments que par abstraction, une fois que l'acte est déjà réalisé.

Bonne balade en philosophie !