Jean Baudrillard - La société de consommation

Introduction

Ce texte tombera dans le domaine public en mars 2077, il est donc interdit de l'écouter dans la version proposée ci-dessous avant cette date.

Dommage, car alors il sera sans doute trop tard pour se poser la question de savoir si le monde a vraiment disparu ; si nous sommes, nous autres humains, consommés par le système ; s’il est exacte que lorsque nous croyons acheter des objets pour les services qu’ils nous rendent, nous ne faisons que courir après une ombre de nous-même pour tenter d’exister, en vain… mais que voulez-vous, il faut bien que les ayants-droits parviennent à passer le prochain hiver.

Écouter

Le statut miraculeux de la consommation
Le cercle vicieux de la croissance
La logique sociale de la consommation
Pour une théorie de la consommation
La personnalisation ou la Plus Petite Différence Marginale
La culture mass-médiatique
Le plus bel objet de la consommation : le corps
Le drame des loisirs ou l'impossibilité de perdre son temps
La mystique de la sollicitude
L'anomie en société d'abondance
De l'aliénation contemporaine ou la fin du pacte avec le diable

En savoir plus

Nous sommes passés de l’industrialisation de la production à l’industrialisation de la consommation. Il convient dès lors de rendre compte des conséquences de ce nouveau modèle de civilisation. Que vivons-nous ? Quels processus déterminent aujourd’hui notre rapport au monde, aux autres et à nous-mêmes ?

Baudrillard fait le constat d’un impensé qui nous structure. Il n’est pas ici question de désigner des responsables qui auraient minutieusement planifié une transformation sociale en vue de servir leurs propres intérêts. L’auteur fait plutôt le constat que notre rapport au monde induit par cette révolution reste inaperçu, il serait le résultat d’une intériorisation progressive par les individus, qu’ils soient riches ou pauvres ne change rien, ils restent victimes.

Que nous choisissions de servir le système ou de lutter contre lui, nous ignorons toujours ce qui le constitue essentiellement et finalement nous y participons. Comme s’il n’y avait plus d’extérieur, qu’il était devenu impossible de s’extraire de cette logique qui contamine tout. Ainsi, il ne convient pas d’attendre dans ces pages des solutions, nul échappée n’est ici envisagée. Il s’agit d’une description froide et désabusée de la déliquescence de nos sociétés ; une suite d’analyses et d’hypothèses qui tentent de définir la réalité qui nous environne et nous constitue.

Ce ne sont pas seulement les individus qui sont broyés par cette mécanique, les objets eux-mêmes perdent leur sens, leur matérialité. Nous ne sommes plus environnés que de signes qui se renvoient les uns aux autres et s’échangent sans arrêt ni sans but. Devenus incapables de trouver consistance à travers nos relations aux autres ou aux objets, nous sommes condamnés à consommer des signes qui visent à élaborer de toute pièce une personnalité qui s’essouffle dans l’apparence.

Cet ouvrage publié il y a plus de cinquante ans, au lendemain de mai 68, est d’une certaine manière prophétique puisque, de fait, nous ne nous sommes pas libérés, au contraire la logique s’est approfondie. Lire La société de consommation aujourd’hui nous amène à nous interroger sur le virage numérique qui a suivi, n’exprime-t-il pas la cristallisation de certaines hypothèses développées ici ?

Enfin, dire quelques mots de l’écriture de Baudrillard. Je souhaite prévenir l’auditeur que ce n’est peut-être pas un texte à écouter, de nombreux passages sont limpides mais certaines formules me semblent inutilement complexes, on perd l’âme du texte pour sombrer dans une technicité abrupte. De même, des remarques et des digressions viennent s’enchâsser au sein d’une même phrase, ce qui rend la lecture pénible, le sens difficile à percevoir ici et là. Ma voix en devient trop sèche, presque raide, elle manque de rondeur et de chaleur.

Reste des pages magnifiques et des idées fondamentales pour éclairer le monde dans lequel nous vivons.

Bonne balade en philosophie !